Les marques doivent-elles payer les street-artists quand elles utilisent leurs œuvres pour leurs pubs ? Non, selon Mercedes-Benz.

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En janvier 2018, dans le cadre d'une campagne de pub, Mercedes-Benz USA publiait des photos (depuis supprimées) sur son compte Instagram, présentant son modèle G 500 dans le quartier d'Eastern Market, à Detroit — une zone dans laquelle plus de 100 fresques ont été réalisées par des street-artists à travers le programme « Murals in the Market ». La publication a suscité une controverse, les artistes dont les œuvres étaient visibles demandant à être cités ou indemnisés.

 

Une plainte a ainsi été déposée par les artistes Daniel Bombardier, James “Dabls” Lewis, Jeff Soto et Maxx Gramajo contre le constructeur automobile. Mais Mercedes a renversé la situation et a elle-même porté plainte contre les artistes ce vendredi 29 mars, soutenant que son utilisation du street art de Detroit ne constituait pas une violation du droit d'auteur. Mercedes affirme que le véhicule, et non l'art, constitue le point central des photos, à un tel point qu'il aurait « fondamentalement transformé l'esthétique visuelle et le sens » de l'œuvre.

 

 

 

 

Le Directeur du programme « Murals in the Market », a exprimé un point de vue opposé : « Nous restons fermes sur le fait que le droit d'auteur de l'œuvre d'art appartient toujours à l'artiste, sauf décision contraire de sa part. […] Nous sommes du côté des artistes et nous lutterons contre les entreprises qui n'agissent pas de manière responsable ou respectueuse ».

 

Au-delà des implications juridiques de cette affaire, il existe un effet d'entraînement qui pourrait être dévastateur pour le monde du street art si les tribunaux acceptaient l'argument de Mercedes ; craignant d’être exploités et privés de leurs droits par des sociétés qui utilisent des œuvres sans l’autorisation de leurs créateurs, les artistes pourraient bien se montrer réticents à créer des œuvres d’art sur des murs accessibles au grand public.