Nordic Pavilion | Nabbteeri, ou la conscience que nous ne sommes qu'un élément d'un écosystème

Article
nabbteeri, Ethnographies of a homespun spinelessness cult and other neighbourly relations: Gingerbread house (2019)
Ma première rencontre avec le duo d'artistes finlandais, Maria Teeri et Janne Nabb s'est tenue dans le petit village de Farrera, dans les pyrénées catalane. Nos chemins se sont croisés alors que j'achevais ma résidence, et eux débutaient la leur, au Centre d’Art i Natura.

 

Maria et Janne ont passé des jours à arpenter des sentiers de montagne préservés et sauvages, découvrant de minuscules os et autres traces de vie, qui ont ensuite été ramenés au studio ; ces objets, petits, peut-être insignifiants pour la plupart d'entre nous, ne le sont pas pour le duo. Leur travail hybride se base ainsi sur l'association de ces preuves de formes de vie, des marqueurs géologiques, de la peinture et autres objets, tous ces éléments étant mis à un niveau égal, avec en toile de fond la conscience de la dimension éternelle de notre planète.

 

Leur travail n’est pas tant une pratique artistique basée sur une action définie, artificielle, mais doit être envisagé comme une façon d'être, une collecte quotidienne, une construction se nourrissant d'une matière obtenue dans un environnement local. Le duo, nommé nabbteeri, combine idéologie, perception et expression, fondé sur une approche humble et respectueuse de leur environnement et des plus petites créatures avec lesquelles nous cohabitons tous. Ils réalisent des dessins et des animations, fusionnant ce qui est perçu, ce qui est invisible pour le regard humain et ce qui est imaginé dans un avenir où les humains ne sont in fine qu’un élément d'un écosystème.

 

nabbteeri, Ethnographies of a homespun spinelessness cult and other neighbourly relations: Gingerbread house (2019)

 

Cette année, nabbteeri, présente son travail au sein d'une exposition collective les associant à Ane Graff et Ingela Ihrmanin sur le Nordic Pavilion de la Biennale de Venise.

 

« Ce travail continue à jouer avec la relation que nous avons à notre corps, et les plateformes communes que nous partageons avec d'autres êtres. Nous avons ici assemblé d'autres éléments qui s'enchevêtrent dans une sorte d'apocalypse amicale » explique le duo nabbteeri.

 

Les œuvres invitent l'air extérieur à pénétrer l'espace, qui est déjà habité par trois arbres. Les plantes vont pousser, les oiseaux vont créer leurs nids, les insectes et les humains vont observer et apprécier tous les détails. Les artistes mettent l'accent sur l'importance équivalente de tous les éléments de l'espace dont nous faisons partie.

 

 

nabbteeri, Ethnographies of a homespun spinelessness cult and other neighbourly relations: Gingerbread house 2019 in a detail view, watercolour on paper

 

 

Quant à l'expérience de travailler pour une Biennale, « le calendrier de production peut être difficile et le processus global a été plutôt intense. Mais c'est un grand plaisir de travailler avec autant de personnes motivées. Nous recommandons de découvrir tout cela lentement et de manière critique, en tenant compte de l’impact global des productions, et ce pour commencer à changer le système de l’intérieur. »

 

Le pavillon Nordique est organisé sous le commissariat de Leevi Haapala & Piia Oksanen et a pour intitulé : Weather Report: Forecasting Future, soit une prédiction de ce que pourraient être la météo, la nature et la culture si l'on continue dans la même direction. Que réserve l'avenir aux nabbteeri? « Nous avons hâte de passer l'été dans notre jardin. Certaines vieilles fenêtres doivent également être réparées », répondent-ils modestement.