« Le Baiser » de Brancusi restera au Cimetière du Montparnasse

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Depuis des années au cœur d’une bataille judiciaire, la sculpture de Brancusi — qui fait partie d'une série de 40 œuvres —, ornant la tombe de Tatiana Rachewskaia (1887-1910) avait été classée Monument historique en 2010. Mais cette décision était contestée par la famille qui espérait pouvoir la vendre aux enchères. Ses héritiers avaient récemment obtenu gain de cause.

Originaire de Kiev, la jeune anarchiste s'était installée à Paris, où débute une idylle avec son professeur de français, Solomon Marbais, médecin d’origine roumaine de l’Institut Pasteur. À la fin de leur relation, la jeune femme sera retrouvée pendue. Son ancien amant propose alors de commander la sculpture au jeune Brancusi, alors inconnu, qui vient de quitter l’atelier de Rodin. Près d'un siècle plus tard, après avoir constaté l'envolée de la cote de l'artiste aux enchères, l'expert Guillaume Duhamel retrouve les descendants de Tatiana Rachewskaia, qui ont conservé une lettre de sa mère prouvant qu'elle avait bien acheté la sculpture à Constantin Brancusi pour 200 francs. Il demande en 2006 le droit d'exporter la sculpture.

 

Le Baiser de Brancusi au cimetière du Montparnasse © Wikimedia Commons

 


Le Ministère de la Culture jugeait que la sculpture réalisée en 1909 ne pouvait être désolidarisée de la tombe, et avait alors inscrit l’intégralité de la tombe au titre des monuments historiques. Mais après l'appel des héritiers, en février 2021 l’arrêté était annulé, permettant la vente de la sculpture estimée à plusieurs dizaines de millions d'euros.


Nouveau rebondissement le 2 juillet 2021: « Le conseil d'état confirme que la sculpture a été achetée dans l’unique but d’être scellée sur la tombe de la jeune femme, constituant ainsi un monument funéraire indivisible. À ce titre, ce monument doit être considéré comme un " immeuble par nature " au sens de la loi, ce qui autorise l’État à l'inscrire comme monument historique sans l’autorisation de ses propriétaires. »

 

La sculpture dissimulée depuis 2018 dans un coffrage en bois (qui pourrait donc prochainement être retiré) demeurera donc sur la tombe de Tatiana Rachewskaia.