Les grands espaces culturels peuvent-ils sauver les artistes « sans-abri » ?

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© BOZAR
Alors que la pandémie de Covid-19 a changé nos modes de vie, les médias et politiques usent de métaphores afin de montrer leur détermination à combattre cet ennemi, tous ensemble.

 

Paul Dujardin, Directeur artistique et CEO de BOZAR à Bruxelles espère de son côté que le secteur culturel européen pourra s'appuyer sur cette notion de solidarité pour venir en aide aux artistes souffrant des mesures de quarantaine imposées pour ralentir la pandémie.

 

Faisant référence à l’arrêté-loi (qui n’était autre qu’une loi de pouvoirs spéciaux) promulgué par le gouvernement belge le 21 décembre 1945, obligeant les propriétaires à héberger des sans-abri, Paul Dujardin ne milite pas pour un accueil obligatoire, mais mise sur le volontariat. « Les grandes maisons de la culture doivent à présent se montrer solidaires et ouvrir leurs grandes salles aux artistes qui ne peuvent toujours pas se produire dans des infrastructures plus petite » explique t-il.

 

« BOZAR et sa salle Henry Le Bœuf, où se déroule chaque année le Concours Reine Élisabeth, peut accueillir 2 200 spectateurs. Même en n’utilisant qu’une partie de cette capacité, nous pourrions permettre à plus de 1000 personnes d’assister en toute sécurité à un spectacle.  »

 

« Mais l’idée n’est pas que les grandes maisons de la culture en tirent financièrement profit. Nos collègues qui bénéficient de subventions structurelles, qui parviennent à tenir le coup et qui ont mis leur personnel au chômage temporaire ont davantage de fonds que les petits acteurs du secteur culturel qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation des plus critiques. »

 

Au delà de la possibilité de proposer une espace temporaire aux artistes sans-abri, Paul Dujardin milite pour une réaction forte de l’Union Européenne. Alors que les commissaires Mariya Gabriel et Thierry Breton ont jugé que la culture et les valeurs de l’UE devaient être préservées « à tout prix », Sabine Verheyen, présidente de la commission de la culture et de l’éducation du Parlement européen juge que « L’Europe ne peut accepter la disparition des choses qui la définissent, à savoir une scène culturelle et créative riche, dynamique et productive. Pour cette raison, l’UE doit soutenir directement et sans attendre les acteurs concernés ».

 

« Il est vital, pour la culture, les médias et le tourisme en Europe, mais aussi pour la crédibilité de l’Union européenne, que ces belles promesses et ces déclarations fortes se concrétisent vraiment. Car sinon, nos belles salles pourraient rester vides encore longtemps » conclut Paul Dujardin.