Le FRAC Dunkerque : un pari — finalement — réussi

Article
Si le bâtiment et le cadre sont sublimes, le FRAC Nord Pas de Calais donne depuis quelques années l’impression de se chercher, de tâtonner. Implanté dans une région qui apparaît aujourd’hui comme le second écosystème artistique et muséal de France, les choses pourraient évoluer.

Créés en 1982, les FRACs sont souvent pris pour des musées, et l'on se trompe. Certes, si l'on compare leur fréquentation, elle peut paraître modeste, mais, pour un FRAC, ce n'est pas le nombre d'entrée qui compte, mais le nombre de personnes touchées, l'impact de son action. Ainsi, comme la Directrice du FRAC Nord Pas de Calais Keren Detton le précise, « les visiteurs viennent à lui et lui va à eux. » Keren Detton met ainsi en avant « le rôle important de maillage territorial », et ce à travers « des résidences d'artistes, collaborations en matière de design, conférences d'initiation, recherche avec l'enseignement supérieur... »

 

 

Au total — notamment via des expositions organisées au sein d'une vingtaine d'écoles — les 1.500 œuvres de la collection du FRAC touchent annuellement 100.000 personnes. L'idée est ainsi de « permettre à des publics éloignés, géographiquement ou culturellement, de s'ouvrir à l'art, et donc à une part d'eux-mêmes. Cette relation vivante à l'art est le véritable moteur de mon travail au Frac ! » « Parce que l'art est dans le regard de chacun, il suffit parfois de quelques mots, de quelques clés, pour qu'il nous parle et nous transforme. »

Avec un nouveau comité d'acquisition au sein duquel figure notamment la curatrice du prochain pavillon belge à Venise — Eva Wittocx — l’institution semble aujourd'hui prendre un nouveau départ. En 2016, des œuvres de jeunes artistes tels Kiluanji Kia Henda (1978), Nicolas Deshayes (1983), Paul Maheke (1985 FR), ou plus confirmés, Ângela Ferreira (1959) et Aglaia Konrad (1960) ont rejoint la collection. Ce comité technique d'acquisition est renouvelé tous les 3 ans.

 

Andreas Maria Fohr © Pierre Antoine

 

« Après trente-cinq ans d'existence, les Frac ont acquis les Courbet, Manet et Picasso d'aujourd'hui... Ils ont prouvé leur excellence dans la constitution d'un patrimoine artistique et dans sa diffusion. »

 

Ainsi, si le FRAC est situé à Dunkerque, son positionnement « dans un espace transfrontalier et la dimension internationale de la collection a toujours été un élément fort de son identité. » L'idée est ainsi de faire résonner « l'histoire sociale et culturelle de la région, en tissant de multiples relations. »

 

« Les axes du Frac Nord-Pas de Calais, sont le design prospectif, l'engagement social, et la migration des formes et des imaginaires » précise la Directrice.

 

Ambassadeur de la création artistique en région, cette année le FRAC propose Public Pool, « des expositions où le travail d’artistes de la région entre en écho avec la collection, nous confions la conception de dispositifs pédagogiques à de jeunes artistes (Ludivine Sibelle tout juste sortie du Fresnoy), nous collaborons avec des résidences d’artistes du territoire (La Malterie et Fructôse, dont nous présenterons les ateliers sérigraphiques au printemps). »

 

« Parce que sa mission est prospective, le Frac peut surprendre. Nous savons bien que l'histoire de l'art n'est pas une histoire de consensus. »

 

Exhibition view "Les objets domestiquent", 2017, Frac Nord-Pas de Calais, Dunkerque (Photo : Pierre Antoine)

 

Le FRAC présente actuellement 3 expositions :

 
Un hommage au photographe belge et cofondateur de l’Agence Vu, Michel Vanden Eeckhoudt, notamment à travers ses célèbres clichés noirs et blancs d’animaux, pris à travers le monde, et évoquant souvent des postures humaines — jusqu’au 30 avril 2017.
 
Au dernier étage du FRAC,  « Les Objets Domestiquent » réunit les oeuvres d'une trentaine d'artistes — dont Nina Beier, Carol Bove, Maurizio Cattelan, Martin Creed, Cady Noland, ou Philippe Ramette — et se penche sur notre rapport aux objets, leur omniprésence, comment ils influent sur notre quotidien, la relation que nous entretenons avec eux — jusqu’au 27 août 2017.
 
Également présentée, l' « Exposition L'Agence Internationale, Anne, Jean-Philippe et Richard » de Catherine Rannou est singulière. Catherine Rannou s’intéresse aux questions de la colonisation des territoires par les constructions humaines, et ce à travers une agence d’architecture, tout droit sortie de son imagination — jusqu’au 9 avril 2017.